1-Quand bébé met en danger l'environnement planétaire
2-Comment aborder la dénatalité?
3-« Grève du troisième ventre »
4-TENDANCE - Une chroniqueuse américaine a lancé un mouvement féministe et écologiste: ne pas faire d'enfants pour limiter la pression sur l'environnement...
5-POPULATION MONDIALE : FAIRE FACE À L'INÉVITABLE
6-Population : dix milliards de Terriens en 2100
7-Gilles Pison : « L'Afrique peut absorber deux fois plus d'habitants »
8-Démographie : la vérité qui dérange
9-ENERGIE : ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES
10-Faire des enfants tue... la planète - Éloge de la dénatalité
11-En 2100, les Terriens parleront 3 000 langues de moins
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1-Quand bébé met en danger l'environnement planétaire
Publié le 21/07/2011
On ne dirait pas comme ça, mais sous leurs airs d'anges les bébés apparaissent comme de véritables dangers pour la planète. Trop nombreux, consommateurs d'énergie, grands pollueurs... Les accusations des écologistes n'en finissent pas de pleuvoir et c'est finalement l'espèce du bébé qui est menacée.
Bon sang de bois ! Le couple le plus glamour de Grande-Bretagne, David et Victoria Beckham, vient de mettre au monde son 4ème enfant... Et selon Caroline Lucas, députée des Verts, ils n'ont vraiment pas de quoi être fiers. Faire un enfant à l'heure où la planète est menacée écologiquement parlant, non mais vraiment, que leur est-il passé par la tête ? Un bébé supplémentaire, c'est un nouveau problème environnemental puisqu'il deviendra nécessairement un pollueur de longue durée – estimons qu'il vivra 80 ans, qu'il sera doté d'une santé de fer, que sa carrière sera irréprochable et qu'il se déplacera en jet privé.
Aussi aberrant ce discours semble-t-il, il s'agit pourtant d'un réel problème soulevé par les associations écologiques du Royaume-Uni. Un nouveau-né n'est ni plus ni moins qu'une nouvelle bouche à nourrir à l'heure où l'on redoute une pénurie alimentaire. Par ailleurs, il consomme de l'énergie, de l'eau, près de 1 000 kg de couches jetables avant de devenir propre et sûrement tout autant passé l'âge de la continence.
"Les Beckham, et d'autres comme le maire [de Londres] Boris Johnson, sont de très mauvais modèles à cause de leur famille nombreuse. Ça ne sert à rien que les gens réduisent leurs émissions de carbone si ensuite ils les augmentent en concevant un nouvel enfant [...]. Avoir un ou deux enfants c'est bien, mais trois ou quatre, ça relève juste de l'égoïsme", explique Simon Ross, président du think tank (laboratoire d'idées) Optimum Population Trust.
Les écolos sur la même longueur d'onde que la Chine ?
"Nous vivons comme si nous disposions de trois planètes alors que nous n'en avons qu'une seule", s'indigne Caroline Lucas.
Tout est donc dit, chaque famille devrait se limiter à deux enfants maximum à l'heure où la population de la planète est sur le point d'atteindre les 7 milliards d'habitants alors que nous n'étions que 2 milliards dans les années 1930.
Toutefois, cette nouvelle lubie environnementale n'est étrangère à personne sur le fond, et on ne peut s'empêcher de frissonner en pensant à la draconienne politique de l'enfant unique en vigueur depuis 1979 en Chine.
L'enfant unique en Chine
On pense également au courant malthusien qui avait anticipé les dangers liés à la croissance de la population mondiale, et qui prêchait la restriction volontaire de la natalité par l'abstinence.
Une idéologie qui se répand de plus en plus
Avec toutes les méthodes de contraception actuelles, le néo-malthusianisme est revenu sur le devant de la scène et ne réfère pas uniquement aux Verts du Royaume-Uni. En effet, ce courant semble désormais s'imposer comme majeur un peu partout dans le monde et réunit de plus en plus d'adeptes malgré les nombreuses controverses qu'il suscite.
Le Club de Rome : Fondé en 1968, le Club de Rome réunit aussi bien des scientifiques que des économistes ou des intellectuels du monde entier qui réfléchissent sur les conséquences du développement vis-à-vis de l'environnement. En 1972, le club fait publier un rapport intitulé Halte à la croissance ? qui démontre comment la démographie mondiale et le développement sont à l'origine des dommages écologiques : pénuries d'énergie, dégradation de l'environnement... La solution pour éviter toute catastrophe serait donc de limiter à 2 le nombre d'enfants par couple.
La grève du troisième ventre : Yves Cochet, député Europe Ecologie - Les Verts et ancien ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, a créé la polémique en évoquant la "grève du troisième ventre". Egalement convaincu que les bébés en trop grand nombre vont finir par détruire la planète – un enfant européen ayant "un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York" – il a proposé de mettre en place un système d'allocations dégressives à partir du 3ème enfant.
Les "Ginks" : "Green Inclide, No Kids", les "Ginks" sont des femmes libres qui refusent de faire des enfants pour sauver une planète surchargée et malade. Ce mouvement lancé par la bloggeuse Lise Hymas a rencontré un véritable succès et voit son nombre d'adeptes croître continuellement.
On l'aura compris, faire des enfants c'est mal, alors autant s'en passer. Et comme ça, quand nous serons tous trop vieux pour militer écolo, il n'y aura plus personne pour nous remplacer !
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2-Comment aborder la dénatalité?
En réalisant l'interview d'Yves Cochet à Libé Labo il y a quelques jours, j'ai eu le loisir de discuter avec lui plusieurs minutes après l'enregistrement. C'est au cours de cet entretien informel qu'il a lâché sa bombe.
La veille, me disait-il, lors d'une assemblée des Verts préparant les Européennes, il a formulé plusieurs propositions dont une concernant le 3ème enfant européen. "Evidemment, personne ne veut porter une chose pareille politiquement" a-t-il confié. Sur Internet, les réactions à sa proposition sont parfois violentes. Il me semble qu'elle est mal comprise. De quoi s'agit-il ?
Il propose une grève des ventres à partir du 3ème enfant européen. Il ne propose pas de ligaturer les trompes de celles qui ont déjà enfanté deux fois avec succès, ni de vasectomiser leurs généreux partenaires. Il ne propose pas une taxe, un impôt ou une peine de prison. Il propose qu'on cesse d'encourager –via des aides, des allocations et autres cartes famille nombreuse- les enfantements multiples.
"Le troisième enfant est l'enfant du changement d'échelle, celui pour lequel il faut changer de voiture, d'appartement, …" précisait-il. C’est aussi un enfant très carboné qui correspondrait, selon le député Verts, à 620 aller-retours Paris-New York. Les réactions ont été nombreuses. Et certains partisans de la décroissance ont souhaité se démarquer du député écolo. "Le député Yves Cochet, dont je salue souvent les positions en matière de décroissance, propose de développer en France une politique néo-malthusienne", a réagi le politologue Paul Ariès, qui dirige le journal Le Sarkophage. "Selon lui, un enfant européen à "un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York", il souhaite donc voir adopter des mesures pour dissuader d'avoir un troisième enfant. Je choisis plutôt la suppression des 620 trajets Paris-New-York et d'éduquer les enfants à un autre mode de vie. Chacun ses choix: le mien est celui d'une vie meilleure pour tous, pas qu'un petit nombre puisse continuer à bouffer comme quatre tout en se baladant en avion et en hélicoptère ici ou là." Sur ce point, j'imagine que Cochet est d'accord. Quant à moi, je choisis de supprimer les aller-retours en avion ET de dissuader les naissances.
Ma consoeur Ruth Stégassy de France Culture m'a confié que ce sujet la mettait "mal à l'aise". Sûr qu'il est journalistiquement très sensible. Où sont les chercheurs, experts en démographie, spécialistes de la natalité, …, capables de discuter sereinement du sujet sans soulever des concerts de protestation mêlés à des amalgames bas de gamme? Car dès qu'on l'aborde, on se prend une volée de bois vert, des noms d'oiseaux et quelques insultes. Bien que je ne considère pas tout à fait le néo-malthusianisme comme une insulte.
Toutefois, un mouvement se propage. Certains réfléchissent et commencent à oser poser publiquement la question: devons-nous faire moins d'enfants? Michel Tarrier est un auteur qui défend la thèse néo-malthusienne en mettant les pieds dans le plat. "La plupart des tabous ont été vaincus, sauf un: celui-là!", écrit-il. "La surpopulation humaine est l'ultime vraie vérité qui dérange, à tel point qu'il est même estimé outrageant de poser la question: sommes-nous trop nombreux?" Certains de ses emails foutent les jetons, surtout quand il les assortit de photos atroces d'enfants malformés. Mais dans l'ensemble, il a le mérite de secouer le cocotier. "Faire des enfants tue" ou "la surpopulation est un cirme contre l'humanité" font partie de ses formules choc de prédilection. Et il en fait des livres. Dans un de ses ouvrages, il pronostique un monde invivable pour 2050. Je le trouve légèrement optimiste… !
A part lui, notons l'existence de Démographie responsable (l'affiche vient d'eux). En se promenant sur leur site, on découvre un diaporama édifiant extrait du bouquin de Bruno Parmentier qui se demande comment nourrir 9 milliards d'êtres humains en 2050. Et les initiatives se multiplient: le 16 mai, à Bruxelles, se tiendra la Fête des non-parents.
Pour en revenir à Yves Cochet dont l'excellent Anti-manuel d’écologie est en librairie, vous aurez l'immense privilège de le voir prochainement dans une émission de Yann Arthus-Bertrand consacrée au pétrole. Le photographe-animateur-compensateur l'a invité à le rejoindre aux Etats-Unis pour l'enregistrement de l'émission. Dommage que le député, autour d'un excellent Pétrole Apocalypse n'ait pas réussi à convaincre YAB de tourner la séquence à Fos-sur-mer, ou de faire un duplex, … Ce n'est pas à moi de donner des leçons de cohérence, je suis assez mal placée pour cela, mais je constate que nous faisons tous face à des dilemmes cornéliens. Ou à des apories, comme dirait mon patron quand il nous parle de l'avenir du journal.
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3-« Grève du troisième ventre »
6 avril 2009
Yves Cochet vient de faire un pas très net en faveur du malthusianisme et de la décroissance démographique.
Selon le quotidien Libération : « Le député des Verts Yves Cochet a profité, samedi, d’un colloque de la revue de la décroissance Entropia, à Paris, pour apporter une solution surprenante à l’actuelle crise économique et écologique. Selon lui, un enfant européen ayant «un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York», il faudrait faire voter une directive baptisée «grève du troisième ventre» qui inverserait l’échelle des prestations familiales. En d’autres termes, dissuader financièrement les familles qui envisageraient de concevoir un trop-plein d’enfants. «Aujourd’hui, plus on a d’enfants, plus on touche. Je propose qu’une famille continue de percevoir des aides pour les deux premiers enfants, mais que ces aides diminuent sensiblement à partir du troisième», a déclaré le député devant les 150 participants des milieux écologistes et altermondialistes. »
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4-TENDANCE - Une chroniqueuse américaine a lancé un mouvement féministe et écologiste: ne pas faire d'enfants pour limiter la pression sur l'environnement...
Après les «bobos» et les «nimby», la sphère écolo accueille une nouvelle tendance: les «ginks», comme «Green inclined, no kids» (engagement vert, pas d’enfant). Lancée par l’américaine Lisa Hymas sur son blog childfreefeminist (féministe sans enfant), cette tendance pourrait connaître un fort retentissement avec la sortie du livre de Stefanie Iris Weiss, chroniqueuse au Huffington Post.
La famille nombreuse semble passée de mode
Dans Eco-Sex: Go Green Between the Sheets and Make your Love Life Sustainable (Devenez écolo sous les draps et rendez votre vie amoureuse durable), elle explique pourquoi les femmes ont intérêt à ne pas procréer pour le bien de la planète. «Même s'il s'agit d'un renoncement énorme, on ne peut nier que la surpopulation contribue au changement climatique, écrit Stefanie Iris Weiss. J'ai donc pris la décision de ne pas ajouter un enfant de plus à cette planète.» A l’horizon 2050, la population mondiale s’élèvera à neuf milliards d’habitants, faisant peser une pression forte sur l’environnement pour nourrir et fournir de l’eau à tout le monde. Réguler la natalité apparaît comme une solution pour alléger le poids qui pèse sur la planète.
Le niveau de vie a plus d’influence que la démographie
Une théorie qui mérite toutefois d’être relativisée: le chroniqueur britannique George Monbiot rapporte ainsi les résultats d’une étude publiée dans le journal Environment and Urbanization, selon laquelle les régions où la population a augmenté le plus rapidement sont celles où les émissions de CO2 se sont élevées le plus lentement, et inversement. «De 1980 à 2005, l’Afrique sub-saharienne est à l’origine de 18,5 % de la croissance de la population mondiale et seulement de 2,4 % de l’augmentation des émissions de CO2. L’Amérique du Nord ne représente que 4 % des nouvelles naissances, mais 14 % des émissions supplémentaires», écrit-il.
Le niveau de vie semble donc beaucoup plus influer sur les émissions de CO2 que la démographie. Neuf milliards de personnes adoptant le mode de vie américain seraient insoutenables pour la planète, mais une meilleure répartition des ressources et une diminution de la consommation pourraient être plus efficaces qu’une politique de restriction des naissances. «Il y a de fortes raisons sociales pour aider les peuples à maîtriser leur démographie, mais pas du point de vue environnemental - sauf pour les populations plus aisées», explique George Monbiot.
«Une décision plus réfléchie»
Si les Ginks revendiquent la liberté de ne pas avoir d’enfants, y voyant un moyen pour les femmes d’avoir «une carrière professionnelle plus épanouissante, l'occasion de développer nos talents propres, de faire du sport, de dormir suffisamment, d'avoir du temps pour soi et pour les autres», elles se prononcent toutefois en faveur de l’adoption et souhaitent que la maternité soit «le fruit d'une décision plus réfléchie et plus consciente de la réalité dans laquelle nous vivons».
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5-POPULATION MONDIALE : FAIRE FACE À L'INÉVITABLE
par J.Kenneth Smail, traduit de World Watch
Si l'on regarde au-delà des inquiétudes à court terme qui ont empoisonné les débats sur la population au niveau politique, il apparaît de plus en plus clairement que la viabilité de la civilisation à long terme nécessitera non seulement une stabilisation du nombre d'êtres humains, comme on l'a estimé, sur les 50 prochaines années, mais également une réduction colossale à la fois de la population et de la consommation.


La tension grandissante entre deux tendances apparemment irréconciliables est devenue de plus en plus visible ces 50 dernières années. D'un côté, les projections démographiques modérées à conservatrices indiquent que le nombre d'habitants sur la planète atteindra, presque avec certitude, 9 milliards, peut-être plus, d'ici le milieu du 21ème siècle. De l'autre, des estimations scientifiques prudentes et de plus en plus fiables laissent entendre que la capacité de charge de la terre à long terme, à un niveau de vie qui pourrait être défini comme allant de "adéquat" à "modérément confortable", selon les standards des pays développés, pourrait ne pas dépasser deux ou trois milliards. Cela pourrait être considérablement moins, particulièrement si le style de vie de référence (niveau de consommation) auquel les gens aspirent se rapproche de celui des Etats-Unis.
En réaction à ce "dilemme malthusien" des temps modernes, il est grand temps de penser sérieusement au futur à moyen terme et d'envisager des alternatives qui vont plus loin que le simple ralentissement ou l'arrêt de la croissance démographique mondiale. L'espèce humaine doit développer, et rapidement mettre en application, des programmes bien conçus, clairement articulés, flexibles, équitables et coordonnés au niveau international, pour réduire la population humaine de façon significative sur les deux prochains siècles ou plus. Cet effort demandera probablement une réduction de la population mondiale d'au moins deux tiers à trois quarts, des 9 à 10 milliards d'individus prévus pour la seconde moitié du 21ème siècle à une "population optimale" future (à partir du 23ème siècle) ne dépassant pas les 2 à 3 milliards.
Visiblement, un changement démographique de cette amplitude nécessitera une réorientation majeure de la pensée, des valeurs, des attentes et des modes de vie de l'humanité. Il n'y a pas de garanties quant au succès d'un tel programme. Mais si l'humanité échoue dans sa tentative, la nature imposera certainement une réalité encore plus dure. En tant qu'anthropologue physique et biol
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