Tous passionnés d'art

Plus de 15 000 personnes ont participé au premier Festival de l'histoire de l'art en 2011. On en attend 17 000 ce week-end, pour la deuxième édition. Crédits photo : Didier Plowy/Ministère de la Culture et de la Communication
Fontainebleau accueille jusqu'à dimanche le Festival de l'histoire de l'art. Si la discipline attire un public de plus en plus large, elle reste mal enseignée.

En France, l'évolution des styles, des courants et des artistes s'enseigne peu ou pas, et moins encore la manière dont une image se décrypte. Le rappelle un livre blanc rendu public mercredi. Ces quarante pages ont été rédigées par l'Association des professeurs d'archéologie et d'histoire des universités. Elles dressent un bilan insatisfait des trois premières années d'enseignement obligatoire d'histoire des arts, de la sixième à la terminale. «Certes la matière n'est plus optionnelle, mais il demeure regrettable que le nouvel enseignement, introduit sans la concertation nécessaire à une transformation aussi importante, ait maintenu et même accentué le caractère inégalitaire du système éducatif: en faisant reposer ce nouvel enseignement non sur les compétences mais sur la bonne volonté, il a provoqué une insatisfaction de tous les acteurs», juge le rédacteur Olivier Bonfait, président l'association.
Conséquence? «Un élève en France sait-il commenter le Serment du Jeu de Paume de David, demande Olivier Bonfait. Gageons qu'il n'est guère plus à l'aise devant La Liberté guidant le peuple de Delacroix. Ces œuvres sont pourtant reproduites dans tous les manuels. Quant aux sujets mythologiques ou religieux, lui évoquent-ils quelque chose? Enfin saurait-il davantage parler ou s'émouvoir devant l'Olympia de Manet ouL'Homme qui marche de Giacometti? Je ne parle même pas des créations des autres continents. Cette autre façon de raconter l'histoire qu'est l'histoire de l'art a-t-elle bénéficié de la “démocratisation culturelle” que la seconde moitié du XXe siècle n'a cessé d'invoquer? Rien n'est moins sûr.»
Une autre manière d'enseigner
D'autre part si la peinture, la sculpture et l'architecture sont abordées dans les classes, quid de la photographie, du cinéma, du design? Sans parler de l'illustration, de l'art des jardins, de l'urbanisme, des arts numériques ou encore de la performance… «L'histoire des arts est une autre manière d'enseigner des choses aussi fondamentales que la liberté, la responsabilité, etc. Il s'agit d'un apport personnel pour former un homme», ajoute Gérard Garouste, un des nombreux artistes et intellectuels témoignant dans le livre. Citons aussi Éric de Chassey et Philippe Durey respectivement directeurs de la Villa Médicis et de l'École du Louvre, Yannick Lintz, membre de la mission pour l'éducation artistique au ministère de l'Éducation nationale entre 2000 et 2003, Bruno Racine, président de la BnF, Roland Recht et Daniel Roche, membres de l'InstitutDans ses conclusions, tous demandent l'établissement d'un programme et d'un matériel pédagogique précis, une formation obligatoire des maîtres qui aille jusqu'à l'agrégation, l'intégration de la matière aux examens et concours, à commencer par le bac. Une table ronde sur le sujet aura lieu dimanche à 10 heures dans la salle de Belle Cheminée, au château de Fontainebleau en présence, notamment, de l'académicien et ancien président Louvre Pierre Rosenberg.
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